Cadel était en jaune, Félicie Aussies... |
De Grenoble (horizon lointain)
Vendredi, au sommet de l'Alpe-d'Huez, je vous avais parlé de deux vaches espagnoles et néanmoins folles qui s'étaient frottées à Pierre Rolland, natif de Gien, capitale de la porcelaine. A trop faire de globule en altitude, j'en avais un peu perdu ma tête et je pensais que les Giennois partageaient cet honneur avec Limoges. Gravissime erreur. Car la vache ibère est certes beaucoup plus alerte qu'un chien dans un jeu de quilles, mais elle ne pèse pas lourd devant une bonne vieille faïence de... Gien.
Un grand merci à mon Jean-Paul Ollivier personnel qui m'a alerté sur la faute, la faute, la très grande faute. JMJ, si tu me lis, je me suis flagellé toute ma courte nuit...
Heureusement, depuis la fin du chrono de Grenoble où Pierrot s'est sorti les tripes et a assis son succès dans le classement du meilleur jeune de la Grande boucle, chacun sait où se trouve Gien-sur-Seine. On y fait le meilleur nougat du monde. Et son autre plus célèbre enfant se nomme Napoléon. Il fallait que ce soit dit, c'est fait.
Teu teu teu ! J'en vois dans le fond de la classe qui écarquillent les yeux en se demandant ce que je suis en train de raconter. Je vous l'ai pourtant faite courte avec ponctuation et accords en tout genre. Ce n’était pas couru d'avance à trop approcher Cadel Evans et son Français à couper à la tronçonneuse. Si j'ai bien compris la portée de son message après sa prise de pouvoir, il disait : « Je super Martin bien roulé. Content mécanique France ennui. Yellow maillot pour mon team heureux. Je working bien until Pinerolo. Aussi, je congrate Andy for sa courage. »
La langue du bush, c'est un peu compliqué à suivre si on ne s'y est pas mis très tôt. J'ai passé toute mon enfance devant Skippy le Kangourou, je peux donc vous faire une traduction précise des propos du nouveau maillot jaune australien : « Ce matin, à l'hôtel, mon directeur sportif m'a dit de me méfier des dahus que l'on trouve dans la région. J'étais bien équipé, mon vélo parfaitement réglé. Mon casque à vision nocturne vissé sur la tête. Je surveillais la bête, mais la chasse n'a pas été bonne. Je n'ai ramené que deux léopards. Il paraît que dans les Alpes, c'est considéré comme un joli trophée. En tout cas, je rentre à Paris avec le titre de meilleur tireur du Tour ! »
A la façon dont une trentaine d'Aussies alcoolisés sont en train de ravager le wagon resto du TGV Grenoble-Paris qui nous ramène vers la dernière ligne droite, j'imagine qu'à Melbourne, Perth et Sydney, on salue déjà l'exploit du Tartarin local. Si la colonie australienne pouvait profiter de sa visite dans la capitale (où elle entend agiter l'étendard national le long des Champs) pour affiner ses connaissances historiques et géographiques de la France, ça ne serait pas un mal. Non Neil, Jacques Cousteau n'est pas président de la République. Roseane, pourquoi voudrais-tu que Grenoble soit le ministère du Mont-Blanc. Arrête Phil ! Je ne veux pas danser la chenille avec toi. Et s'il te plaît, Kate, retire-moi ce bob Cochonou, tu es ridicule...
Cousteau président !
Parlons plutôt de la course. Comme beaucoup de suiveurs, je n'en ai pas vu grand-chose. C'est autour des bus d'équipe parqués dans l'enceinte du stade des Alpes, sans doute la plus belle de France pour un club de CFA2, qu'il était plus aisé de s'intéresser aux débats. Avec ses grilles pour limites, la zone d'échauffement des coureurs avait de faux airs de Zoo de Vincennes. Je dis zoo de Vincennes pour les « estrangers » qui suivent le Tour Dupneu. Sinon, j'aurais évoqué le zoo-parc de Beauval qui leur aurait toutefois parlé beaucoup moins.
Au pied des tribunes de l'écrin grenoblois, on croisait donc autant d'accréditations vert foncé (la couleur des médias) que de bracelets jaunes offerts aux invités divers et variés comme on dit dans les salons. En clair, à Grenoble, le cyclisme qui se veut un sport populaire ne s'est donné en spectacle qu'à travers les grillages. Attention, la faute professionnelle n'est pas loin. Si tu empêches Chantal d'approcher son Thomas Voeckler d'amour alors qu'elle a déjà claqué 20€ dans le parapluie et la casquette Tour de France, entamant sérieusement le budget des vacances au camping des flots bleus de Palavas, ça va vite faire désordre.
Le Tour de France part en sucette et ASO ne fait surtout rien pour empêcher qu'il serve d'offrande aux marchands du temple. Tiens, d'ailleurs, dimanche matin, ce n'est plus dans un TGV spécial que les coureurs rejoindront Créteil, mais à bord d'un vol Qatar Airlines, direction Orly. Les Ayatollahs du tri sélectif nous gonflent chaque jour un peu plus en salle de presse pour qu'on ne mélange pas le plastique de bouteille et celui du gobelet de café, mais personne n'est gêné par l'émission de gaz carbonique d'un Airbus (Ah ! Ce sera un Boeing... C'est cocasse ça !) qui effectuera le trajet en trois petits quarts d'heure...
Le walibi, animal à sang froid
Mais je m'égare, parce qu'il y a eu du sport et un nouveau renversement de situation, cette fois définitif, en tête du classement. C'est devant la télé du pullman Vacansoleil qu'on a vécu le triomphe du kangourou. C'est au travers du grésillement d'enceintes indignes d'une teuf de David Guetta que nous avons appris que, comme je le suspectais vendredi, la famille Schleck compte en son sein les deux cocus les plus célèbres du sport luxembourgeois.
Fallait pas chanter Andy. Chacun sait maintenant que le léopard est une enclume lorsqu'il défie la montre. A l'inverse, le walibi est un animal à sang froid, un peu débonnaire, mais qui peut sèchement répliquer lorsqu'il est échaudé.
Triple ban pour l'Australie qui s'offre donc son premier vainqueur du Tour. Un trentenaire réputé courir à l'eau claire. Chapeau aussi aux Français qui ont réussi à se glisser à cinq dans le Top 15. Voeckler, Peraud, Rolland, Coppel, Jeannesson au contact des cadors, c'est presque l'euphorie. Bravo à Roy, Delaplace, Delage, Casar, d'autres coursiers qui, comme les premiers, sentent bon le veau élevé sous la vache. Respect, malgré tout, pour les offensives de Contador ou Andy Schleck qui ont redonné au Tour des couleurs perdues à l'aune des années 90. Désolé, en revanche, de ne pas tresser de louanges aux ambassadeurs du cyclisme belge. A trop courir après le nouveau Merckx, on tombe parfois dans l'excès. Ça donne une soupe un peu rance.
A l'heure où la natation internationale exonère ses champions chargés, là où le football, la Formule 1 ou le tennis continuent à avancer avec des oeillères, Raoul est heureux d'avoir vécu trois semaines au grand air presque pur. Comme quoi, lorsque le « surgé » marque à la culotte les brebis galeuses ou celles en passe de s'égarer et que la cantinière supprime le sel dans la soupe, on peut assister à de belles choses. Si la chaîne du froid n'est pas rompue, la date de péremption pourrait bien aider à conserver le produit pendant de longs mois encore. On peut toujours rêver...
Le son du jour, what else ?
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