Montre le bien ton maillot, parce que l'an prochain... |
Du Berry (où la vie continue)
Raoul Dupneu a bouclé son premier Tour à l'eau claire. C'est tout ce qui restera de ma prestation sur cette Grande boucle qui file aux antipodes pour la première fois de son histoire. Je suis profondément déçu pour tous mes fans qui me donnaient vainqueur final de l'épreuve à 37% (si, si, regardez là, à droite...). Sans une chute en première semaine, sans la voiture de France Télévisions en deuxième et des terrains trop en pente dans la dernière, peut-être que Raoul aurait paradé en jaune sur les Champs.
« C'était pas ta guerre » m'a twitté Stallone pour me consoler. « Fallait pas inviter Cadel et les frangins » m'a expliqué Michel Muller au téléphone. Bein oui, mais moi, le Tour je pouvais le gagner. Enfin bon, c'est la course. Et puis je me dis qu'après tout, elle est peut-être pas aussi flamboyante pour le Kangourou qu'on a bien voulu nous le laisser croire de ce côté là du monde.
Raoul a peut-être bien perdu le Tour, mais il a le bras très long. Et justement, ce Cadel Evans qu'on nous présentait comme le héros national de l'Australie, finalement il est passé au second plan sur son île-continent. Comment je sais cela ? J'ai simplement un copain là-bas, pardi. Il s'appelle Valentin et il vit désormais à Perth (pour être dans le ton, on dit « peurce »). Lui, son sport, c'est la balle ovale. Ici, quelque part dans le Berry, on l'a connu en rouge et blanc à essayer de marquer des essais : un coup dans le zig, un autre dans le zag, je te chaloupe une course de 60m et paf, plaquage du centre adverse bien revenu dans la course.
Bon tout ça, c'est du détail et ça ne vous intéresse sans doute pas. Mais il est 16h chez nous, le traumatisme post-Tour de France commence à faire son office et voilà que Valentin apparaît en direct de Perth par le miracle du net. Vous connaissez ma perspicacité légendaire, celle qui m'a permis d'envoyer Kolobnev à la maison, qui m'a fait dire que Rui Costa, le vainqueur de Super-Besse, et Vanendert, celui du Plateau de Beille, c'était sans doute tout, sauf du pur jus. J'ai donc demandé à l'ami Val de me décrire l'hommage de toute une nation à son héros pédalant.
Des supporters embauchés ?
Grande a été ma désillusion lorsqu'il m'a expliqué : « Ici, les télés et les journaux en parlent, mais ça ne fait pas la une. Il y avait quand même un derby d'Aussie rules (le football australien, véritable sport national) entre Perth et Fremantle. Ils n'ont parlé que de ça ici. Il y avait aussi un match de rugby league (le jeu à XIII local). Evans n'est venu qu'après. Mais ils ont quand même dit qu'il rentrait dans l'histoire du sport australien ! »
Quoi ? C'est tout ? C'est quand même le vainqueur du Tour de France. Le quatrième événement sportif mondial de la planète de l'univers. Le premier gratuit, ça compte quand même. Et là, Valentin a sorti l'effet kiss cool : « C'est vrai qu'ils disent que sa victoire est d'autant plus forte que le Tour est une institution française et européenne. Mais samedi soir à Perth, sur une petite place, il y avait un écran géant pour suivre le chrono. Devant, il y avait seulement quatre ou cinq spectateurs ! »
Rhaaaaa, quel coup de poignard. On nous aurait donc menti sur le rôle d'étendard prétendument défendu par le Tour de France, vitrine dorée d'un cyclisme en pleine mondialisation. Ça sert à quoi qu'un kangourou sache pédaler si là-bas, de l'autre côté du monde, ça ne les transcende pas. Ils faisaient quoi, alors, les supporters walibis qui ont ravagé le TGV Grenoble-Paris samedi soir ? Ravagé est un bien grand mot. Tout au plus le convoi a-t-il été agité par des Aussies de 1,90m minimum, complètement alcoolisés à force de vider les frigos du wagon-restaurant... Je vais mener mon enquête, mais on n'est plus à l'abri de rien. Si ça se trouve, il s'agissait de comédiens payés par John Lelangue, le manager de Cadel.
Tiens, du reste, je n'aurai pas eu l'occasion d'en parler souvent de John. Une fois ou deux, pas plus. C'est pas plus mal. Lui, on ne l'aime jamais tant que lorsqu'il reste loin des micros tendus et des caméras. Même si la probité de Cadel ne fait quasiment aucun doute (heu...), n'oublions quand même pas que l'équipe BMC est née sur les cendres de la Phonak et qu'à une ou deux exceptions près, tout le staff est resté aux affaires après le naufrage Landis. Moi j'dis ça, j'dis rien, mais j'en pense surtout pas moins.
Donc si je résume : la victoire de Cadel Evans ne fait ni chaud, ni froid à ses compatriotes qui traversent actuellement l'hiver austral. Les supporters qui ont braillé toute l'étape durant, le long des barrières installées sur les Champs-Elysées, n'étaient en fait que des acteurs embauchés par Lelangue. Et Cavendish n'a pas remporté une quatrième étape, sa vingtième depuis 2008. Bientôt, on va nous dire que les Schleck n'ont jamais eu l'intention de gagner le Tour. Que Contador a continué à manger de la viande séchée. Sauf que celle-ci n'avait pas infusé dans du clenbutérol, d'où des prestations en deçà de ses possibilités habituelles.
Mais alors ? Voeckler dix jours en jaune, Roy champion du baroud, Rolland futur-ex-futur espoir du cyclisme français, tout ça ne serait qu'un mirage ? Jean-Marie Leblanc, reviens, ils sont devenus fous ! Et pincez-moi pour me prouver qu'on n'a pas rêvé. Qu'on a bien assisté à un magnifique Tour de France qui a déchaîné les passions d'Aurillac à Saint-Paul-Trois-Châteaux en passant par Shanghai, Lima et la Terre de Feu. Si vous ne le faites pas pour moi, faites-le au moins pour France Télévisions et Daniel Bilalian. Daniel, vous savez, le patron des sports qui a craqué au bout du bout, le dernier jour du Tour pour saluer, en direct, Thierry Voeckler. Chapeau bas, Monsieur. Diffuser l'un des plus grands événements interplanétaires et se ramasser les pieds dans le tapis comme ça...
En vous remerciant msieurs dames
Allez, un peu de sérieux, avant que la page ne se tourne définitivement sur cette Grande boucle (au moins jusqu'au 5 août prochain, délai habituel au cours duquel les laboratoires antidopages viennent nous conter de belles histoires) : Raoul a été très heureux de la parcourir avec vous. Ce n'était pas toujours du plus grand niveau intellectuel, ni littéraire. Ça m'a en tout cas donné certaines idées pour la suite. Je vous rappelle quand même que mon terrain de jeu, c'est aussi celui des sportifs.
Je me suis payé une bonne tranche de rire et j'ai bien l'intention de retourner au combat. Mais là, j'ai surtout envie de clore ce chapitre par quelques remerciements.
Le premier ira à Seb R. Derrière sa voiture balaie loir-et-chérienne, il m'a incité à aller m'amuser dans ma propre cour plutôt que de venir risquer la mise en examen pour diffamation sur son blog. T'as eu raison Seb. Mais ni les gendarmes, ni Vanendert, ni Gilbert, ni Rui Costa, ni Voeckler et encore moins Riis ou Bruyneel ne m'ont chopé ! (pour le moment...)
A Seb C., toi, j'espère que tu auras pris le même pied que moi sur ce Tour. Je crois que oui. Mais retire-moi ce maillot Europcar taille S, tu es ridicule.
Au Brarovitch, inspirateur en chef de ce délire journalier. T'aurais quand même pu passer un peu plus souvent. Mais je sais, au contact de Jean-René, tu as découvert de nouvelles passions. Hips !
A Catherine B., parmi les premiers fans. Pour ta passion que je mets aujourd'hui en avant et en image. Si tous les supporters étaient comme toi, on aurait moins d'abrutis déguisés sur le bord des routes. Mais ça fait aussi son charme. Quoi que.
A Antoine A. Elle était belle ta Bretagne quand elle pleut.
A Fabrice H. La prochaine fois, ne boit pas dans un bidon Omega-Pharma qui traine sur les routes vendéennes. C'est dangereux, ça t'a couté gros et le Tour est passé sans te voir !
A Jérémy R. Je crois que tu es venu quelquefois par ici. Je te le confirme une fois encore : tu m'as fait frissonner... Grrrrr....
A Philippe R. Je me demande si je ne dois pas te vouvoyer compte tenu de ta situation. Tu m'as démasqué. Tout ceci ne reste que du sport. Du moins tant que les salaisons d'Irun resteront dans le bas du réfrigérateur bien sûr...
A Graziella. Oui, c'est toi la 3000e ! (ou pas)
A Filochard pour sa participation imagée.
Aux autres, j'en passe et forcément des meilleurs.
Sur ce, j'attends ma notification recommandée de l'AFLD, je prends les vacances qu'on m'imposera dans la foulée et je reviens très vite pour d'autres aventures. Ici ou ailleurs.
Votre Raoul
Le son du jour. In memoriam
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