Jérémy Roy, à l'aise et au micro, et sur Twitter... |
C'était déjà le cas sur le Tour 2010, mais la chose s'est fortement accentuée cette année. Qui n'a pas son compte Twitter chez les coureurs ? C'est devenu le dernier endroit où l'on cause. Le salon de tous les ragots au point que la plupart des grands quotidiens nationaux y consacrent une rubrique, laissant aux soutiers des rédactions le soin d'aspirer les bons mots.
Mark Cavendish n'a pas été le dernier à s'intéresser à l'oiseau bleu. Lui en est un accroc, qui passe son temps à laisser ses gros doigts martyriser le clavier du Blackberry. Bon, la portée du message n'est pas toujours d'un grand intérêt. Mais le Cav chambre, fait de la promo pour ses copains, rend hommage à son chien décédé juste avant sa victoire à Châteauroux.
Les « twits » de Cavendish nous en apprennent également beaucoup sur lui : il n'est pas du matin. Difficile donc d'en savoir un peu plus sur son sentiment à l'heure d'intégrer le gruppetto dans les premières grosses ascensions de ce Tour. Son dernier message déposé à 20h mercredi après son succès à Lavaur, saluait la Ramsay Grammar school de l'Ile de Man, son pays, venue l'encourager. Attendons de voir ce qu'il lâchera au sujet de la Hourquette, du Tourmalet et de la montée vers Luz-Ardiden. Sans doute rien de bon...
Un autre habitué du réseau social petit-format, c'est Jérémy Roy. Alors lui, il maîtrise la chose et sait même s'en faire un allier pour brouiller les pistes. Adepte des raids au long cours lors de la première semaine, le Tourangeau est un capitaine de route qui sait joindre l'utile à l'agréable. Nul ne sait si c'est lui qui tient les comptes pour la cagnotte des copains, en tout cas, il booste la troupe FDJ par ses offensives. Mais ne vous fiez surtout pas à ce qu'il balance sur l'oiseau bleu. Jérem' avait annoncé qu'Arnold Jeannesson serait le FDJ de service dans l'échappée du jour. Teu teu teu, c'est lui qui s'y est collé. En 2008, il s'était glissé dans une échappée pyrénéenne avec son coéquipier d'alors, Rémi Di Gregorio. Deuxième au passage du Tourmalet.
Raoul étant lui aussi un geek, je me suis permis de rappeler l'épisode au Roy de Touraine. Qui m'a rabattu le caquet un peu plus tard dans l'après-midi en venant plomber Gerrant Thomas pour s'offrir le trophée Jacques-Goddet au sommet du même Tourmalet. Chapeau bas m'sieur. Ça, c'est du panache.
Et un sacré bond en avant dans le classement interne des gars de la FDJ. Ils avaient entamé le Tour en s'empiffrant de Malabar juste pour collectionner les tatouages du chewing-gum de notre enfance. Voilà que les Madiot's boys se tirent maintenant la bourre entre eux. Le soir, juste après l'étape, quand ils grimpent dans leur bus, Delage et Roy sortent leur petit carnet sur lequel est inscrit le nombre de pitons passés dans une échappée. Le bonus va à celui qui passe en tête au sprint intermédiaire.
Si le résultat ne versait pas dans l'anecdotique, les Français auraient signé un sacré paquet de succès cette année. Les FDJ seraient même au sommet de la pyramide. Mais la route du Tour ne laisse aucune place ni au hasard, ni aux enfantillages. Alors la France reste plus que jamais en dette de victoires d'étape cette année.
Ce qui n'empêche donc pas les coureurs de Madiot de partir à la mine chaque matin. A Cugnaux, juste pour être certain que ses guerriers ne manqueraient pas l'appel, le manager mayennais a sorti les grands moyens. Marseillaise et chant des partisans à fond dans les enceintes du bus FDJ. « La vérité vraie » a confirmé Jérémy Roy. Manquait plus que la lecture de la lettre de Guy Moquet. Sacré Madiot !
Tout ceci est bien gentil, mais ça ne nous fera pas oublier que le Tour est entré dans la montagne. La vraie. Pas un semblant de col perdu au coeur du Massif central. On attendait ça avec impatience, histoire de voir si les cadors allaient se découvrir, passer à l'offensive. Bref, aller au charbon pour le bouquet final sur Luz-Ardiden. Le pli a été tellement bien pris ces dernières années, où les prétendants à la victoire la jouaient attentistes jusqu'au bout du bout.
Alors ce soir, que peut-on tirer comme enseignements ? La certitude que la tâche d'Alberto ne va pas être simple. Le végétarien le plus célèbre du peloton va peut-être devoir reprendre un peu de viande séchée et la partager avec ses équipiers parce que sur la route du Tour, il a eu beau regarder à droite, à gauche, les Saxo étaient en infériorité numérique face au Leopard. Une bête luxembourgeoise prête à griffer sévère si l'on en croit le coup de semonce de l'aîné des Schleck. Et je le maintiens : à trop attendre Andy, personne ne va voir venir le grand frère Fränk. On prend les paris ?
Au rang des bonnes nouvelles, on a vu que la Machine Chavanel allait beaucoup mieux. C'est pas encore la grande forme au niveau des cannes, mais le contre qu'il a lancé dans la Hourquette a rassuré tout le monde. Ce n’est pas comme les Radioshack qui poursuivent leur Tour de misère. Comme Klöden n'a jamais été un grand attaquant, il a décidé de changer son fusil d'épaule. Désormais, il attaque l'asphalte. A ce rythme-là, la semaine prochaine, Johann Bruyneel n'aura plus aucun coureur à présenter à Lance Armstrong. On annonce la venue de son éminence sur le Tour. Pour la livraison des vitamines, le Texan aurait peut-être dû se pointer plus tôt. UPS, c'est plus ce que c'était.
Et la lettre de Guy Moquet ?
En dehors de çà, sur les coups de 16h, le court du gaz kazakh est monté en flèche à la bourse. Tel le Phoenix, Kreuziger est réapparu aux avant-postes. Le champagne avait déjà été commandé à l'hôtel. À 16h15, le Slovaque repliait ses ailes. C'est pas demain qu'Astana gagnera un nouveau Tour...
Puisque nous en sommes au chapitre gazier, évoquons ce petit malin d'Ivan Basso, le boss des Liquigas. Oui, oui, il fait le Tour. Attention, un Italien qui zappe son tour national pour préparer celui de France, ça n'est jamais par hasard. Contre exemple : Cunego ! Oui, il était là à Luz-Ardiden. Mais c'est un épiphénomène...
L'imposture Gesink, pour sa part, a déposé les armes. Sans doute définitivement. C'est une manie hollandaise de nous pondre le futur vainqueur de la Grande boucle à chaque nouvelle génération qui pointe le bout de son nez. Rappelez-vous Peter Winnen dans les années 80. Puis Rooks, Theunisse et encore bien d'autres. Un Tour, ça ne se rêve pas. Ça se gagne !
Ouvrons une petite parenthèse sur le cas Gilbert. Philippe, vraiment, maintenant, faut arrêter ! Ça se voit. Parenthèse refermée.
J'entends de mauvais esprits qui se demandent s'il n'est point besoin de se poser la même question au sujet de Thomas Voeckler ? Je rappelle donc que Voeckler est Français. En plus, il a le jaune sur le dos. Sur le Tour, c'est quelque chose qui transcende. Et nous étions le 14 juillet. Ça compte. En revanche, dans quelques jours, faudra pas venir se plaindre des moyennes auxquelles le Tourmalet et Luz-Ardiden ont été avalés. L'alibi ne tient plus depuis que les Europcar ont partagé le boulot avec les Leopard pour assurer le train.
A part ça, l'attaque d'Evans, formidable ! Limpide ! Tranchante ! Un pur bonheur. Tiens, on me dit dans l'oreillette que l'Australien n'a pas bougé aujourd'hui. Ou si peu. Une erreur de ma part sans doute. Ou un fantasme.
Bon passons à la deuxième phase du triptyque pyrénéen parce que la première manche n'a fait que dégager le Top 10. Rien de plus. Euskaltel et Sanchez ont fait plaisir à tous les Basques accrochés au coteau, mais y avait quand même pas de quoi s'enflammer. Ah ! Si quand même, Jeannesson est désormais le nouveau maillot blanc du Tour. Et ça, Jérémy Roy ne l'avait pas annoncé sur Twitter. Ou alors, on ne l'a pas bien compris...
Le son du jour, histoire d'être dans le ton
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