Les vélo de Raoul

Les vélo de Raoul
Un cadeau de Monsieur Filochard

mercredi 20 juillet 2011

Un toboggan nommé Pramartino

Et au milieu coule une rivière

De Pinerolo (la pasta, si ! si !)

Mon ami Erwan, personnage haut en couleur, bien connu des suiveurs du célèbre Tour du Loir-et-Cher, officie sur la Grande boucle. En dehors de ses occupations, nombreuses, ils livrent chaque matin son pronostic de l'étape. Un petit concours réservé à une caste du Tour nommée les pilotes officiels. Erwan est tellement à la rue au niveau du classement qu'au départ de Gap, il s'est tourné vers Raoul en lui disant : « Prono ! Dépêche-toi... »
Comme je ne refuse jamais l'obstacle, j'ai dit : « Chavanel vainqueur... » Autour de moi, ça a bien rigolé. Erwan était même prêt à renier notre vieille amitié dans la soirée tellement lui paraissait incongrue l'idée de proposer Chavanel. C'est vrai après tout, Chava est un sacré descendeur et il est en train de louper son Tour à cause d'une mauvaise chute. Mais je suis content, on reste potes vu que La Machine a joué les premiers rôles tout au long de la journée et qu'il a buté sur Boassen Hagen pour finalement se classer 5e à Pinerolo. Raoul devient donc une référence sur le Tour. En toute humilité, bien sûr.

Pourtant, Erwan, y a un autre truc qui l'a embêté. Il a d'ailleurs poussé un grand coup de gueule juste après l'arrivée : « 45 Français sur le Tour, pas une victoire d'étape. Deux Norvégiens, 4 étapes ! Non, mais oh ! » Chez Abdel (c'est son surnom), « Non, mais oh ! » est signe d'un très grand agacement. Ça frise même la crise de nerfs. C'est pas de chance parce que Gap-Pinerolo, ce n'était surtout pas le jour pour perdre son sang froid.
Ils sont mignons chez ASO. On zappe le mont Faron, le mont Saint-Clair ou la montée du Puy-de-Dôme, tous comparés à de vulgaires chemins de chèvres. Mais à peine passé de l'autre côté des Alpes, paf ! On va jeter 170 gars dans le Pramartino. Une sorte de chemin de grande randonnée que l'Équipement local a dû débroussailler la veille. Des pieux avides de chair fraiche attendaient ainsi le passage de la course et l'on frémissait rien qu'à l'idée de voir Andy Schleck se faire dessus au moment de plonger là-dedans.
Bon, ça va. Il n'y a pas eu trop de casse dans cette descente macabre. De belles sorties de route pour Hivert ou Voeckler, mais rien de plus. Pour tout dire, Alberto s'y est même définitivement révélé comme un pur descendeur. Pour des nèfles au final, mais quand même...

Et dire que chaque jour, Jean-François Pescheux, le directeur de course, nous sort les violons sur les ondes de radio-Tour. Où il est question d'être extrêmement prudent au contact immédiat des coureurs, qu'on va mettre les photographes à distance raisonnable (10km minimum) pour éviter un accident stupide, qu'un cordon de CRS garantira chaque soir leur sécurité juste après la ligne d'arrivée et tant pis pour les interviews, que les voitures de presse devront laisser la priorité aux équipes dans les étapes de montagne afin de leur garantir une évacuation rapide vers les hôtels. Le tout, évidemment, pour le confort des forçats de la route. Des consignes légitimes, ça va de soi.
On ne fera donc pas grand cas du fait qu'un jour sur deux, les bus desdites équipes se retrouvent coincés dans les bouchons en arrivant sur la zone de départ où on les a convoqués à l'heure où s'ébroue justement la caravane publicitaire. La sentence ? Une demi-heure à patienter à l'entrée du circuit officiel...

Pour le bien des coureurs

On oubliera que, régulièrement, les équipes ont jusqu'à une heure de liaison avant de rejoindre leurs hôtels. Des établissements toujours de grande classe comme l'a révélé Fabian Cancellara il y a quelques jours en glissant sur Twitter une photo du Formule 1 de Trifouilly-les-Oies. A trois dans deux mètres carrés, ça, c'est de la récupération active. Mais comme ça vient de ce râleur de Spartacus, pas la peine de s'en soucier.
Je crois qu'on a quand même atteint des sommets sur le Pramartino. On parle bien là de protection du coureur. Un tour de toboggan comme celui-ci, on en redemande tous les jours. Pour l'audimat, c'est du lourd. Un Hivert qui manque de perdre son vélo dans la verdure ou un Voeckler qui teste ses freins sur la terrasse d'un riverain, ça n'a pas de prix pour le spectacle. Sur les coups de 17h, il y a certainement eu un pic d'audience chez Médiamétrie. Et du frisson dans les canapés...
On comprend mieux pourquoi Pescheux est apparu serein mardi soir lorsqu'il a annoncé qu'il n'y aurait aucun souci avec les deux ascensions du Galibier, jeudi et vendredi. La bête s'est retrouvée enneigée dimanche et lundi, mais quand on a été capable de descendre le Pramartino à tombeau ouvert, on peut bien aller pédaler dans la poudreuse. Le seul risque, là-haut, ce sera de tomber dans le fossé et d'être bouffé par le Yéti ou le loup du Champsaur.

Tiens, en matière de carnassier, on a l'impression qu'Alberto s'est affûté les crocs. Je persiste à dire qu'il bluffe. Je ne suis pas inquiet. Demain, s'il effectue un nouveau rapproché, je serai le premier à dire que j'ai toujours cru en lui. Mauvaise foi, quand tu nous tiens.
En tout cas, ce Contador semble transcendé depuis qu'il s'est mis aux brocolis et aux carottes râpées. Descente vers Gap : attaque de Contador. Descente vers Pinerolo : attaque de Contador. L'avantage avec les mines posées par l'Espagnol, c'est qu'elles dévoilent une partie de sa tactique en même temps qu'elles lèvent le secret bancaire de l'équipe Saxo. Pour s'offrir un quatrième Tour, le héros de Pinto ne reculera devant aucun sacrifice et Bjarne Riis lui signera tous les chèques en blanc dont il a besoin.

Tiralongo a quitté la course hier. L'Italien d'Astana, sherpa de Contador l'an dernier et dévoué pour s'y coller cette fois encore malgré son appartenance au team kazakh, était exténué. Qu'à cela ne tienne, le dossard nº 1 s'est déjà assuré les services d'un champion olympique pour lui servir de poisson-pilote. Sanchez-Contador, l'amour avec un grand A offert aux yeux du monde entier. Euskaltel la Basque va donc se mettre à la planche pour l'Espagne castillane sous passeport danois. Les bans ont été publiés officiellement comme le reconnaissait Alberto mardi soir et comme l'a confirmé Samuel aujourd'hui.

Nos petits tricolores auront-ils la même idée pour sauver le soldat Voeckler quand sera lancée la grande offensive ? Faudrait que Gérard Holtz pose la question à « son plus grand ami », Sylvain Chavanel. Moi je vous le dis, un Français ne succèdera certainement pas à Bernard Hinault dimanche soir sur les Champs-Élysées. Mais au moins, on aura bien rigolé avec toute l'équipe de France Télévisions.

Le son du jour. Pour toi Italia, pour vous Alberto et Samuel... (pourvu qu'il soit à Village Départ demain)

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