Les vélo de Raoul

Les vélo de Raoul
Un cadeau de Monsieur Filochard

mercredi 6 juillet 2011

Des gamelles, melles, melles

Leçon de Breton sur les murs de Carhaix

Du Cap Fréhel (dès que le vent soufflera)

Quand le Flamand va au tapis, c'est la bordure qui en pâtit... Au départ de Carhaix, Maurice Le Guilloux, ancien compagnon de route de Bernard Hinault et enfant de Bretagne, l'avait pourtant pronostiqué : « Aujourd'hui, ça va bordurer. Et bien avant Saint-Brieuc ! » Le Guilloux était un fidèle équipier du temps où il portait le maillot Renault-Gitane. Un dur au mal sur lequel le Blaireau pouvait s'appuyer sans compter. Comme druide, en revanche, Maurice, il vaut pas un coup de chouchen.
Entre Carhaix et le Cap Fréhel, il n'y a en effet pas eu l'ombre d'une seule bordure. Le vent et le profil du jour s'y prêtaient pourtant. Un vent à décorner les boeufs et à emporter sur son passage les petits gabarits du peloton. Quand je dis petits, je ne parle pas forcément des Feillu ou des Dumoulin. Ces deux-là sont suffisamment trapus pour rester collés à la route. Les poids plume taillés pour la grimpette, en revanche... Ceux-là, il a fallu qu'ils se cachent toute la journée au coeur du paquet pour éviter d'être transformés en bêtes de concours au festival du cerf-volant du Touquet.
Un autre problème majeur les guettait au coin du bois : les routes balayées par Éole étaient très étroites. Très étroit, ça fait seize. Mais on était bien au-delà du compte à l'heure du bilan final des gamelles.
Un véritable chamboule tout géant ce Carhaix – Cap Fréhel. Un jour noir pour ceux qui avaient oublié d'attacher leur ceinture de sécurité. La palme à Nicki Sörensen, le champion du Danemark, gratifié d'un 10 en figures imposées catégorie roulé-boulé dans le fossé et sans vélo. Comble de malchance pour le Saxo-Bank, une moto a embarqué son vélo, tranquille, l'air de rien. Pour le jury des commissaires, le geste est inqualifiable. Le pilote de la moto 509 est désormais célèbre pour être le premier éliminé du Tour 2011 !

Brajkovic en vacances

En dehors de quelques éclats sur le vernis, Nicki s'en est plutôt bien tiré. Comme Contador, Gesink, Chavanel (passé par la case hôpital pour vérifier qu'il n'y avait rien de grave), ou Garate du reste. Ça a été beaucoup plus compliqué pour Boonen, qui a senti le souffle du boulet, échappant de peu à l'élimination. Pas certain, toutefois, que sa clavette ne se rappelle à son bon souvenir cette nuit.
Pour Velasco et Brajkovic, c'est pire. L'affaire s'est terminée dans l'ambulance avec une fracture de la clavicule pour chacun. C’était bien la peine que Gallopin, Bruyneel et tout le staff de Radioshack se concentrent sur le parcours du jour à l'avant du bus en arrivant à Carhaix. La visite de la côte de granit rose les laisse désormais sans leader déclaré.
La 5e étape du Tour figure donc au rang des plus meurtrières de cette édition. Il n'aurait plus manqué que les Saxo-Bank, les Rabobank ou d'autres spécialistes du genre profitent du retour en bord de mer pour passer à l'offensive et lancent la bordure. On aurait pris ça pour une faute de goût.
A Carhaix, Mark Cavendish s'est donc présenté pour la gagne. Sa victoire mérite qu'on s'y attarde. L'emballage final fut flamboyant et le Bad boy passé à la moulinette ici même mardi a parfaitement mené sa barque, rendons-lui grâce. C'est comme ça qu'on t'aime Mark. Quand tu te tais et que tu agis. Tant pis si le profil ne t'était pas destiné. C'est tellement rare que le Cav' se mêle à la bagarre sur un creux et bosses que même Hushovd en a été surpris. « Ce n'était pas une arrivée faite pour lui. Quand on voit le nom du 2e de l'étape (Philippe Gilbert), on peut effectivement être surpris par sa victoire » a commenté le maillot jaune.

Qui s'y frotte, s'y pique

Malheureusement, le cours d'une journée de Cavendish est tout sauf un long fleuve tranquille. Au sprint intermédiaire, ça a encore une fois tangué sec et s'il n'a pas voulu en rajouter, le Cav s'est quand même fendu de quelques tirades bien senties à l'égard de tous ceux qui viennent jouer dans son jardin.
Cavendish, qui s'y frotte s'y pique : « Il y a des incidents qui se passent, mais il ne faut pas se focaliser là-dessus. » Bein tiens, tu penses ! Sinon on se rendrait compte que tu te retrouves à chaque fois dans les mauvais coups. Mardi, t'as soigné ton Français avec Feillu. Mercredi, tu t'es mis à l'Allemand pour tailler Greipel - « Il m'a poussé ! » - avec comme troisième langue, Espagnol sous les applaudissements de Rojas.
La discussion a dû être franche pour qu'elle nous vaille l'intervention d'un commissaire UCI en salle de presse plusieurs minutes après le podium protocolaire où Cavendish avait reverdi de plaisir. Décision sans appel : déclassement de Rojas dans le sprint de Goudelin où la moisson de Gilbert s'est d'un coup trouvée agrémenté d'un point supplémentaire qui lui permet de reprendre le paletot sur tapis vert. C'est de circonstance.
Ils sont quand même durs les metteurs en scène du Tour de France. Comme cette année ils ne pouvaient garantir aux sprinters un terrain de jeu quotidien avec le Mont-des-Alouettes ou Mûr-de-Bretagne, notamment, ils ont inventé les sprints intermédiaires. Un argument de poids pour assurer le spectacle à mi-course en même temps qu'ils corsent la chasse au maillot vert. Que les sprinters en profitent malgré tout pour assurer le show et voilà qu'on leur donne une tape sur la truffe dès qu'ils quittent ostensiblement leur trajectoire.
Bientôt, le sprinter sera une race en voie d'extinction et le suiveur n'aura plus que Lisieux pour pleurer.

Pour le son du jour, à vous de trouver le lien (Raoul offre un sachet de saucisses Cochonou au vainqueur)


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